Outre d’être cousins germains, quelle particularité ont en commun Evelyne, Lionel, Isabelle et Eric Soubeyran, ainsi que Jean-Marc et Dominique Lefebvre ? : Ils ont tous habité, dans les premiers mois ou années de leur vie, le même appartement au 5ème étage du 25 quai de Grenelle à Paris (15ème).
Qu’on se rassure, ils n’y étaient pas en même temps !
Me voilà embarqué dans le périlleux projet d’écrire un article sur l’histoire contemporaine de la famille. Je compte sur la bienveillance de ceux qui ont vécu ces évènements pour me pardonner mes inévitables erreurs et les corriger et/ou compléter mes propos dans la case « commentaire » en fin de page.
Mais d’où sortait cet appartement, pourtant absent du patrimoine familial, dans lequel se sont succédés dans les années 1950-60, cinq couples de jeunes mariés de la fratrie Soubeyran, enfants d’Etienne S. et Hélène Goguel ? J’avais juste entendu parler d’une vieille tante qui l’avait habité … mais sans plus de précisions. Jusqu’au jour où me sont tombés sous les lunettes de vieux papiers de famille relatifs, notamment, à l’emploi d’une « bonne à tout faire » (sic) au service d’un couple Boeringer habitant à cette adresse dans les années 1930. Voilà un nom qui me résonnait aux oreilles, ce qui m’a amené avec une gourmandise assumée à remonter le temps et la généalogie.
Cette histoire commence au 19ème siècle à Mulhouse où Alfred Boeringer, descendant d’une vieille famille mulhousienne, dirigait une fabrique de draps. Il épousa en 1865, Sophie-Mina Ehrmann. Ils eurent 3 enfants : Hélène en 1866, Fanny* en 1868 et Armand en 1869. L’année suivante, à la suite de la guerre de 1870, Mulhouse, et donc ses habitants, devinrent allemands et le resteront jusqu’en 1918.
C’est la destinée de deux de ces trois enfants, Hélène et Armand, qui va nous amener au nid de tourtereaux du 25 quai de Grenelle.
* Nous retrouverons Fanny dans une autre Tranche de vie(s) consacrée à ses carnets sur la vie à Mulhouse en 1914. De même, beaucoup de ruisseaux ayant alimenté notre famille ont coulé dans cette région ; nous y reviendrons à l’occasion.
En 1895, à 29 ans, Hélène épouse un homme du sud, Ernest Soubeyran, 37 ans, banquier de son état, et s’installe dans la maison familiale de Montélimar, rue du Pêcher.
Ils eurent 4 enfants : Suzanne, future madame Dollfus, une petite Marguerite Fanny, morte en bas âge, Etienne le père des douze et Francine qui épousera Maxime Leenhardt.
De son coté, Armand est reçu au concours de l’Ecole Centrale qu’il intègre en 1887 et dont il sortira 3 ans plus tard au rang fort honorable de 17ème sur 202. L’année suivante, le 9 mars 1891, il obtient sa réintégration nationale, redevient ainsi citoyen français et s’installe à Paris. Il habitera successivement dans une petite dizaine de logements entre 1887 et 1899.
Professionnellement, il est constructeur d’appareil de chauffage et fonde rapidement sa propre entreprise. L’annuaire des Centraliens de 1909 situe pour la première fois son adresse au 25 quai de Grenelle à Paris le 21 juillet 1908. Il se marie sur le tard, en avril 1915 à 46 ans, avec Léonie Cochelin, une parisienne de 43 ans, fille d’un concierge du Boulevard Haussmann. Ils n’auront pas de descendance.
Les informations professionnelles qui précèdent proviennent des archives de Centrale-Supélec – Merci Romain
Armand Boeringer est décédé en 1935 « en son domicile 25 quai de Grenelle à Paris XVème »*. Son épouse Léonie lui survivra près de 15 ans, toujours quai de Grenelle ou elle mourra en octobre 1948, soit …. un an et demi avant le Mariage de Robert Soubeyran, l’ainé des douze, avec France Leenhardt.
* Acte de décès n° 2012 du 8 mai 1935 – Archives de Paris
Un rapide détour juridique est ici requis. Juste avant le décès de Léonie, est promulguée la loi 48-1360 du 1er septembre 1948 qui institue, entre autres protections du locataire, un droit au maintien dans les lieux, transmissible dans certaines conditions. Mon hypothèse, que nos ainés pourrons peut-être confirmer ou infirmer, est que Armand et Léonie n’ayant pas de descendance, leurs héritiers furent le neveu et les nièces « Soubeyran », enfants d’Hélène, la soeur d’Armand. Etienne a peut-être récupéré à cette occasion le droit au bail transmissible. Quoi qu’il en soit, un an et demi plus tard, les formalités notariales probablement accomplies, il pu en disposer et le mit à disposition de ses enfants.
Se sont ainsi succédés au 25 quai de grenelle :
- Robert et France, mariés en mars 1950, jusqu’à la mutation de Robert sur Toulon en 1951. Evelyne y vécut quelques mois
- Daniel et Béatrice, mariés en décembre 1951, ont pris la suite jusqu’à leur déménagement sur Clamart à l’été 1954. Lionel y vécut 6 mois,
- Michel et Françoise, mariés en décembre 1955 y vécurent quelques mois jusqu’à leur départ pour Périgueux en octobre 1956,
- Odette et Pierre y habitèrent de 1957 à 1962 ; Jean-Marc et Dominique y vécurent leurs premières années avant de déménager rue Rémusat pour accueillir les jumeaux dans de meilleures conditions,
- Yves et Christiane enfin, mariés en avril 1962 fermèrent la marche et y habitèrent jusqu’en 1968 et leur départ pour l’Haÿ-les-Roses (merci Anne). Isabelle et Eric y vécurent aussi leurs premières années.
Les anecdotes ne manquent pas sur cette époque. Je laisse les intéressés les raconter s’ils le souhaitent dans le cadre « commentaire » ci-dessous afin que leur propos soit visibles par tous.
Prochaine parution … probablement : « Baron Soubeyran : Mythe ou réalité ?»
Franchement je trouve génial que notre Sherlock familial remonte les écheveaux de cette façon
on guette les prochains épisodes
merci Lionel
Cher Lionel, merci!
Yves et Christiane ont en fait déménagé vers l’Haÿe les Roses (rue de la cosarde).
Quai de Grenelle, Yves descendait une fois par semaine à la cave chercher du charbon, 6 étages aller/retour, sacré exercice. Une fois, de retour devant la porte avec son chargement il s’est aperçu qu’il avait oublié les clés …