Courrier relatif aux Fiançailles et Mariage d’Etienne Soubeyran et Hélène Goguel.
Trouvé et retranscrit par Jean-Jacques LEENHARDT dans la maison familiale de Montélimar, rue du Pêcher.
Paris, le 4 février 1923,
Mon cher papa,
Depuis que je t’ai écrit ma dernière lettre, voici deux jours, j’ai beaucoup réfléchi sur ma conversation avec Jean, et j’ai remarqué la position difficile où j’allais me trouver, puisque – il ne me l’avait pas caché – mes sentiments en novembre dernier avaient été beaucoup plus explicites que je ne l’avais cru ; la prochaine fois que je reverrais (sic) Melle G, je serais (sic) en effet examiné, surveillé…, le tout fort gênant.
D’autre part j’ai crainds (sic) que Tante H. s’imagine beaucoup plus qu’il n’y a en réalité, et il m’a paru, tout bien examiné, qu’il vallait (sic) mieux mettre carrément les choses au point, puisqu’aussi bien mon silence ne trompait personne. J’aurai (sic) voulu te consulter auparavant, comme je l’ai toujours fait, mais les choses vont trop vite et je n’aurais (sic) peut-être pas eu le temps d’avoir une réponse. Je suis sûr que tu me comprendras et ne m’en voudras pas.
Je suis donc allé trouver Tante Henriette et lui ai, en quelques mots, indiqué la situation, ce qui ne l’a guère surprise, je crois. J’ai insisté, d’ailleurs, sur le fait que je n’étais nullement décidé et ne savais pas du tout ce que je ferais, ma décision dépendant de mes impressions futures. Elle a très bien compris ce raisonnement, qui était tout à fait naturel et tout à fait vrai.
Elle m’a dit qu’elle avait su par Madeleine mon attitude un peu empressée, mais, ne sachant rien de positif, avait attendu qque (sic) éclaircissement pour t’en parler et qu’elle allait t’écrire immédiatement.
Il est entendu que, jusqu’à nouvel ordre, les Chavannes (sic) resteront en dehors de la question.
Sincèrement, je crois avoir bien fait, la situation étant maintenant bcp (sic) plus claire, en même tps (sic) que j’ai gardé toute ma liberté d’action sans risquer de fâcher personne.
Je ne te parle pas des qques (sic) renseignements, touchant la situation des G etc.., que j’ai obtenus et que tante H. m’a dit qu’elle t’enverrait
Je termine en t’embrassant bien tendrement. J’espère avoir bientôt de vos nouvelles, les dernières étant d’une semaine déjà. J’ai appris par tante H. la mort de M. Roux, qui m’a tout à fait surpris.
Tendres baisers ; à bientôt une lettre j’espère
Etienne
Je ne sais pas quand Melle G. doit venir. Son frère Henry, vu dans la semaine, m’avait dit attendre ses sœurs lundi ou mardi, et c’est ce qui m’a décidé à agir ; mais, ce soir, tante H. m’a dit n’en rien savoir, de sorte que je ne sais plus rien.