24 janvier 1923-Etienne à Ernest Soubeyran

Courrier relatif aux Fiançailles et Mariage d’Etienne Soubeyran et Hélène Goguel.
Trouvé et retranscrit par Jean-Jacques LEENHARDT dans la maison familiale de Montélimar, rue du Pêcher.

Paris, le 24 janvier 1923
Mon cher papa,

J’ai reçu hier ta lettre, je l’ai lue avec la plus grande attention et y ai beaucoup réfléchi. Je te remercie beaucoup de ton offre dont je te suis très reconnaissant. Mais à la réflexion, il ne me semble pas très pratique d’écrire toutes sortes de choses qu’il est préférable de ne faire savoir que de vive voix. D’un autre côté, cette lettre avertira beaucoup de monde, les Adrien et les Chavanne, alors que comme moi tu penses qu’il vaut mieux en parler le moins possible. Ceux-ci ne manqueront pas d’en parler à Suzanne, soit franchement, soit par allusion, ce qui sera encore plus gênant pour elle, et quant à moi ma situation sera un peu fausse. Enfin, et c’est l’objection principale, je crainds (sic) que les Adrien, tante Henriette principalement, soient trop interessés (sic) à la chose pour que tu en puisses obtenir autre chose que des renseignements purement pécuniaires, ce qui est un peu insuffisant quoique très nécessaire.

Aussi, après y avoir bien réfléchi, j’ai l’intention d’agir autrement, en mêlant à cette affaire une seule personne et beaucoup plus désinteressée (sic) , Jean. J’ai été très intime avec lui ces dernières années, du temps de son célibat. D’autre part j’ai toute confiance dans son absolue discrétion même vis-à-vis de sa femme, et dans son affection très sincère. Je suis de plus à peu près sûr qu’il n’est au courant de rien.
Dans ces conditions, je compte le voir seul à seul, et lui raconter tout ce qui en est, puis lui demander conseil. Je suis sûr que, s’il juge que je fais une boulette, il me le dira. Certes je ne compte pas qu’il me dise quoi que soit de mauvais de sa cousine, mais il aura assez de portes de sortie que je lui ouvrirai moi-même (âge, absence de situation, etc …), pour qu’il puisse me parler franchement et me faire comprendre ce qu’il ne voudrait pas me dire. Quant à la situation financière, il doit avoir des tuyaux assez précis et sinon pourra se les procurer sans difficulté et sans risque de commentaire. Pour moi, c’est assez naturel que je ne veuille me marier sans avoir assuré ma situation pécuniaire pour que je n’éprouve aucune honte à lui en parler

Tout bien réfléchi, cela me parait la meilleure, je dirai même la seule solution pratique, puisqu’en plus du renseignement dont tu te préoccupes avec raison, j’en aurai plusieurs autres, ne serait ce que sa première impression, et que je m’assure ainsi la discrétion absolue vis à vis de toute personne interessée (sic). Je suis sûr qu’après y avoir pensé, tu seras de mon avis.

D’après ce que m’a dit M., j’ai compris que Melle G. devrait venir au 1er février, c. à d. au plus tard ds (sic) une quinzaine. Désirant être renseigné avant son retour, je te prie de me répondre par retour du courrier, pour que j’ai le tps (sic) de donner à Jean un rendez-vous. J’attends donc bientôt une lettre de toi.
Je t’embrasse tendrement et te remercie encore de tout ce que tu veux bien faire pour moi.
Etienne

PS : Naturellement, quant à moi, je ne prendrai aucune décision avant de l’avoir revue et j’aborderai la question dans ce sens avec Jean, ce qui lui laissera toute latitude de me parler, et à moi de renoncer. Je resterai plutôt un peu au dessous de la note exacte, pour ce qui est de mes sentiments.

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