4 février 1921-Lettre d’Henriette à Ernest

Courrier relatif aux Fiançailles et Mariage d’Etienne Soubeyran et Hélène Goguel.
Trouvé et retranscrit par Jean-Jacques LEENHARDT dans la maison familiale de Montélimar, rue du Pêcher.

Mon cher Ernest

C’est confidentiellement que je viens de nouveau t’écrire aujourd’hui. Je pense d’ailleurs que cela ne t’étonnera qu’à moitié puisque tu sais déjà de quoi il s’agit.
J’ai reçu tout à l’heure la visite d’Etienne et c’est lui qui m’a demandé de t’écrire. Je voyais bien depuis quelque temps qu’il n’était pas dans son état habituel et je me demandais ce qu’il avait. J’ai été très touchée de sa marque de confiance

Tu sais combien j’aime tes enfants et combien je voudrais pouvoir remplacer un peu leur chère maman que j’aimais tant. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour votre Suze et quand je la vois si heureuse, je pense que sa maman le serait aussi et je suis récompensée. Je me réjouis que tu viennes bientôt contempler leur rayonnant bonheur.
Cette fois-ci c’est Etienne qui vient m’ouvrir son cœur. Je ne suis pour rien dans son choix qui d’ailleurs n’est pas encore absolu, mais je l’approuve de tout mon cœur et je comprends son attirance pour notre chère petite nièce qui j’en suis sûre te plairait beaucoup.

C’est une exquise créature, qu’on ne peut d’ailleurs apprécier qu’en la connaissant, car elle est timide et réservée et n’a rien de ces jeunes filles flirts et fin de siècle de nos jours. Elle est admirablement élevée. Elle, et ses sœurs d’ailleurs savent tout faire. Ce sont des maîtresses femmes qui seront des trésors pour leurs maris. Elles font elles-mêmes toutes leurs affaires ce qui est précieux de nos jours et s’il y a crise domestique, elles ne sont pas embarrassées pour si peu et font elles-mêmes le ménage et la cuisine si besoin est. Elles en ont vu d’autres pendant les 4 ans d’occupation boche.
Hélène est notre préférée à tous, aussi bien à nous, qu’aux Jean et aux Chavanne qui ont été à même de les apprécier., les ayant eues maintes fois en séjour chez eux.
Hélène a un caractère idéal, toujours égal, gaie et entrain, je ne lui ai jamais entendu dire du mal de personne, c’est la bonté même, elle se croit née pour faire le bonheur de ceux qui l(entourent et ne pense jamais à elle. Elle est extrêmement douce et caressante ; je ne peux la comparer qu’à ton Hélène à toi, qui savait si bien faire le bonheur des autres et s’oublier elle-même.
Tu aurais en elle l’idéal des belles-filles et Etienne une femme exquise.

Qui sait si tout cela n’a pas été préparé par le Maître de nos destinées ; car en somme si Etienne n’avait pas été en garnison à Sedan, il n’aurait jamais eu occasion de faire si bonne connaissance avec notre chère petite nièce.

Je ne puis te renseigner sur la question pécuniaire. Les G. sont sûrement dans une jolie situation ; mais je ne serais pas étonnée qu’ils soient dans les idées alsaciennes (le père de Fritz était alsacien) et que la dot ne soit pas en rapport absolu avec la fortune qu’ils auront un jour. Je vais m’informer auprès de ma sœur Bacot qui doit être eu courant. Sois tranquille, je ne nommerai personne.
Il faut qu’Etienne réfléchisse encore avant de prendre une décision et qu’il la revoit (sic) sans que personne s’en doute, ce qui sera facile puisqu’elles arriveront bientôt à Paris et qu’à nos diners de famille, j’ai l’habitude de les avoir tous.

Je t’ai dit tout ce que je pouvais sur ce projet. C’est à Etienne à voir ce qu’il veut faire. J’espère que la décision qu’il prendra sera pour son bonheur, mais je te répète il ne peut faire un meilleur choix. Peut-être auront-ils un peu de peine au début, mais ils sont jeunes, ils travailleront tous deux. Une jeune fille élevée comme Hélène , qui met la main à la pâte, aide son mari et est bien préférable à ces dépensières dont un j. h. peut s’amouracher aussi bien.

J’ai vu Suzon ces jours-ci, elle va très bien. Comme je me réjouis avec toi et eux de ses espérances et juste en même temps que notre Jeannette. Ce sera gentil comme tout, ces deux petits cousins. Adrien se joint à moi pour t’embrasser très affectueusement et te dire que nous pensons bien à toi.

Ta sœur affectueuse
H. Soubeyran

PS : Pour toi aussi, je serais bien heureuse qu’Etienne se marie jeune. Je crois que c’est toujours préférable et cela te donnera beaucoup de temps je l’espère pour jouir de tes enfants et petits-enfants.

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